La perche

Ce magnifique petit carnassier possède une popularité assez important auprès des pêcheurs. Il l’avait un peu perdue il y a plusieurs décennies à la suite d’une raréfaction de sa population en rivière et d’un nanisme endémique en plan d’eau. Mais, de nombreux facteurs ont contribué au retour en force de ce poisson. On peut cité les efforts de dépollution, le creusement de ballastières, l’évolution des populations du sandre et du brochet…

Nous pouvons bien sûr nous en réjouir, car de l’enfant qui avec une ligne à 3 francs six sous et quelques vers de terre, fait sa friture, jusqu’au spécialiste qui, mettant en oeuvre des techniques et des leurres très spécialisés, réalise parfois des prises exceptionnelles, la pêche de la perche offre une diversité remarquable. De plus, sa chaire de très bonne qualité en fait l’un des meilleurs poissons d’eau douce ! Ce qui lui a valu d’ailleurs le surnom de « perdrix des rivières » de la part de nos anciens.

Perca fluviatilis
Perca fluviatilis

Nom scientifique :
Perca fluviatilis
Noms communs ou régionaux :
Perchette (petite perche), percot, perchot, perchat, perchaude, perdrix, boyat (grosse perche).

Caractéristiques physiques

  • Corps : de section ovale, il est assez allongé chez la jeune perche. Chez la grosse perche, il est au contraire plutôt trapu, avec une gibbosité au niveau de la nuque. Le corps est recouvert d’écailles petites et rugueuses au toucher. Solidement implantée, elles rendent ce poisson difficile à écailler.
  • Nageoires : ce poisson possède un nageoire dorsale double, la première étant soutenue par treize à quinze rayons épineux très durs et piquants tandis que la deuxième est souple.
  • Bouche : la perche possède une gueule qui s’ouvre assez largement et qui présente de nombreuses dents qui forment une sorte de râpe. Attention si vous tentez de lever une grosse perche sans épuisette car les membranes translucides sont assez fragiles. D’où les décrochages par déchirement lorsque le pêcheur tente de lever une grosse perche sans épuisette.
  • Couleur : gris-vert plutôt sombre sur les côtés, les flancs s’éclaircissent avec des reflets dorés. Le ventre étant quant à lui presque tout blanc. Au dessus de la ligne latérale figurent cinq à six bandes verticales plus ou moins sombres qui vont en s’amincissant vers le bas. Les nageoires inférieures et la caudale sont teintées d’un joli rouge orangé. Tout cela fait de la perche un poisson très beau, surtout en eau claire où elle prend des teintes très vives et très contrastées.
  • Taille : en moyenne, ce poisson carnassier mesure de vingt à trente centimètre pour un poids de 100 à 300 grammes. Mais il peut aussi atteindre dans nos eaux plus de 50 centimètres pour un poids dépassant les 2 kilogrammes !
Perche sortie de l'eau
Jolie perche sortie de l’eau

Reproduction de la perche

C’est à partir de février que les femelles, le ventre distendu par leur poche ovarienne très gonflée, se rassemblent à proximité des lieux de fraie. Là, elles ne se nourrissent plus que de petits crustacés, de larves ou de vers. La perche se reproduit de la mi-mars à la mi-mai selon les régions, lorsque la température de l’eau atteint les 12 à 14 degrés. La femelle déposera ses œufs agglomérés en long rubans gélatineux sur la végétation immergée de bordure. Racines, herbes, branches baignantes des buissons feront l’affaire, puis les mâles féconderons avec leur laitance. Une femelle de 1 kilogramme peut pondre jusqu’à 100 000 œufs ! Cela donne une bonne idée du pouvoir de reproduction de ce carnassier, dont les populations de juvéniles devraient être sévèrement contrôlées. Les autres carnassiers et même la perche elle même se chargeront d’éviter la surpopulation.

Habitat et niche écologique de la perche

On peut trouver la perche pratiquement partout dans nos eaux douces. Qu’elles soient calmes, ou moyennement courante, de basse ou de moyenne altitude. Bien qu’actuellement de nombreux cours d’eau possèdent de bonnes densités de ce poisson, les eaux à perches sont surtout les eaux calmes. Et tout particulièrement les sablières, gravières ou ballastières dont les eaux d’infiltration sont très pures. En effet, elles offrent ainsi, lorsque les herbiers y abondent, un excellent biotope. Les grands lacs naturels ou de barrage connaissent aussi un grand succès chez la perche. Celle-ci y trouve effectivement de très bonnes conditions de développement: abondance de petits poissons-fourrages, nombreux bois noyés ou grands herbiers de pleine eau pour les cachettes et bien entendu la présence des grands carnassiers limitants.

Soulignons que dans les lacs et les étangs profonds, toutes les couches d’âges n’occupent pas le même niveau. Les plus jeunes se trouve en général dans les zones proches de la surface. Les plus grosses quant à elles, seront beaucoup plus profondément, parfois jusqu’à trente mètres voire plus.

Le comportement prédateur

On peut se faire une bonne idée du comportement de prédateur de la perche, lorsque l’été on assiste à des chasses spectaculaires de plusieurs dizaines de milliers d’individus poursuivant un banc d’alevins à grands coups de gueules largement ouvertes. La particularité de la perche est là, dans un bouillonnement d’eau sur des surface pouvant dépasser la centaine de mètres carrés, dans cette frénésie prédatrice, coexistence d’un très fort instinct de grégarité qui pousse les individus à vivre et à chasser ensemble pour assurer à la fois leur survie et l’efficacité de leur prédation. De ce comportement et de cet instinct naît naturellement une concurrence entre les perches en présence d’une proie. Cette compétition acharnée entre les individus d’un même groupe explique l’efficacité de certains leurres spécialement conçus pour la perche. Car elle engendre un réflexe qui pousse chacun d’eux à s’emparer d’une proie avant les autres.

Pourtant, ce comportement est surtout le fait des poissons de taille moyenne âgés de 3 à 6 ans. Les bancs sont au début composés des individus d’une même fraie, en nombre souvent très important (plusieurs milliers d’individus). Puis, leurs troupes s’amenuisent sous l’action des prédateurs avant de se rassembler les été en rejoignant d’autres bancs.

perche imposante
Perche de bonne taille

La disposition des individus dans le groupe ne doit rien au hasard. Elle se fait selon une hiérarchie sociale bien établie. Les meilleures place (en avant et au milieu du banc) sont pour les individus les plus forts et les plus faibles sont relégués à la périphérie. Cette disposition permet d’assurer la sélection naturelle de l’espèce en exposant les individus malades ou faibles aux attaques des prédateurs. Elle explique aussi pourquoi les premiers individus capturés sont souvent les plus gros.

Remarquons ainsi, que contrairement aux autres prédateurs, les pêcheurs ne participent pas à la sélection naturelle de cette espèce.

Par la suite, au fil du temps, ces troupes de perches de taille moyenne vont encore s’amenuiser. Que ce soit par mortalité naturelle ou sous l’action de grands prédateurs. Pour finir, le banc ne sera plus former que de quelques petits groupe de gros poissons, voire d’un ou deux gros « boyat » au comportement beaucoup plus solitaire.

Ces comportements ne sont aussi caractéristiques que dans des eaux qui sont bien peuplées. Il faut des troupes de perches suffisamment importantes pour qu’ait lieu cette fameuse tendance concurrentielle. Dans le cas contraire, les troupes ne se composent que d’un petit nombre de poissons réagissant un peu comme des carnassiers solitaires. Ainsi en est-il en rivière, où l’activité de chasse des perches se résume à quelques poursuites individuelles ou collectives de poissonnets ricochant en surface.

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