Le sandre

Originaire des grands bassins fluviaux tributaires de la mer noire : Danube, Dniestr, Dniepr et Don, le sandre est désormais présent dans la plupart des pays européens. D’autres représentants de l’espèce colonisent aussi les eaux de l’Europe orientale et de l’Amérique du nord (le Walleye et le Doré).
En France, le sandre était déjà présent avant la dernière guerre dans le Doubs et la Saône. Il provenait très vraisemblablement en du bassin du Rhin. Mais, c’est surtout à la fin des années 50 qu’il connu une expansion très rapide. Expansion suivie rapidement, grâce à l’abondance de poisson-fourrage d’une importante explosion démographique. A tel point qu’il en devint le carnassier le plus répandu dans nos bassins fluviaux et plans d’eau. Et ainsi, le poisson le plus recherché par les pêcheurs, qui furent rapidement conquis par ce carnassier à la chaire aussi délicieuse.

Le sandre : Stizostedion Lucioperca
Stizostedion Lucioperca

Nom scientifique :
Stizostedion Lucioperca
Noms communs ou régionaux :
Brochet-perche, fogasch, sandrat.

A l’heure actuelle, malgré certaines difficultés que nous verrons plus loin, on peut considérer que le sandre est parfaitement intégré dans nos biotopes. Loué par les uns, critiqué par les autres, il fut longtemps le sujet de débats passionnés. Débats qui ne sont toujours pas clos chez certains pêcheur.
Les anti-sandre lui reprochant de totalement détruire la friture et de concurrencer trop sévèrement les autres carnassiers indigènes. Mais aussi et surtout, ils lui reproche d’être un des vecteurs privilégiés de la bucéphalose larvaire.
Les pro-sandre, quant à eux, voient en lui le carnassier de l’avenir, capable de les consoler de la régression des populations de brochet et du nanisme de la perche. Non dénuées de fondement, ces critiques et ces louanges doivent cependant être tempérées. En effet, les observations effectuées portent sur une durée trop courte à l’échelle des phénomènes biologiques. Mais on a pu constater les éléments suivants :

  • En ce qui concerne la friture, il semblerait que les déséquilibres remarqués ne soient que très passagers. Car, à termes, les densités retrouvent vite des valeurs normales. En plan, la situation est en revanche plus complexe. Seules les plans d’eau suffisamment importants et/ou dans lesquelles les espèces fourrages rencontrent à la fois de bonnes conditions de reproduction et de nombreuses caches à leur disposition peuvent être empoisonnées sans risque.
  • Pour les autres carnassiers, il semblerai que, loin de les concurrencer et de les éliminer, le sandre ait au contraire favorisé leur retour. Notamment dans les secteurs où ils étaient en situation précaire.
  • La bucéphalose paraît circonscrite à certains bassins fluviaux et ne s’est pas réellement propagée. Ce que l’on redoutait principalement, lors de l’apparition du sandre.

Aujourd’hui, malgré l’ombre que peut lui faire le silure, le sandre reste le poisson carnassier le plus recherché. Et celui qui a relancé avec l’ampleur qu’on lui connaît, la pêche des carnassiers en France.

Les caractéristiques physiques

  • Corps : sa forme générale est équilibrée et allongée. Le pédoncule caudal, bien marqué, se prolonge par une nageoire large, puissante et fourchue.
  • Nageoire : comme tous les percidés, le sandre possède une double nageoire dorsale. La première partie comprends 13 à 14 rayons épineux très piquants, alors que la seconde est souple.
  • Tête : fine et légèrement pointue, elle possède des joues bombées indiquant une mâchoire puissante.
  • Yeux : ils paraissent gélatineux et légèrement phosphorescents.
  • Bouche : elle s’ouvre largement sur une dentition relativement fine, de laquelle émergent quatre robustes canines qui sont de redoutables poinçons.
  • Couleur : le dos est généralement gris plus ou moins foncé avec des bandes verticales un peu plus sombres. Les flancs sont argentés et le ventre blanc crémeux.
  • Taille : le poids moyen des prises varie de 1 à 3 kilogrammes. Mais les plus gros sujets peuvent atteindre 10 à 12 kilogrammes pour une longueur de 1 mètre.

La reproduction du sandre

Elle a lieu en général d’avril à juin selon les régions et les conditions climatiques. C’est en principe l’époque où la température de l’eau atteint 13 à 15°C. Le carnassier fraie à proximité des bordures garnies de végétation, ou sur fond propre de sable ou de gravier au courant faible . La femelle va y déposer ses œufs et les mâles passeront les féconder.

Pendant cette période, ce poisson est très vulnérable face aux pêcheurs peu scrupuleux à la recherche de trophées. Car, les sandres adoptent un comportement très agressif afin de protéger leurs nids, puis leurs œufs de tout intrusion étrangère.

Sandre sous l'eau
Sandre dans son milieu naturel

Habitat et niche écologique

Le sandre a un habitat de prédilection : les eaux calmes ou de faible courant, dans une fourchette de profondeur allant de 3 à 7 mètres. Mais il possède aussi une remarquable faculté d’adaptation, qui lui permet de coloniser les habitats les plus divers. Des petites rivières peu profondes, au courant parfois bien soutenu à l’aval des retenues, en passant par les grands lacs et barrages dans lesquels il peut descendre à 30 mètres de profondeur, mais aussi dans les grands fleuves, les canaux, et tous les plans d’eau de basse et moyenne altitude, on peut le rencontrer pratiquement partout.

Il semble que seules les eaux froides ne lui conviennent pas. En revanche, une légère trubidité de l’eau est souvent favorable, car il n’aime pas ou peu la lumière. Tout comme la perche, il affectionne les couverts de bois noyés les plus inextricables. Il n’en sortira généralement que pour s’établir sur ses postes de chasse.

Comportement de prédateur

Il y a quelque chose d’un peu désespérant à vouloir tenter de décrire et décrypter le comportement d’un poisson aussi fantasque et imprévisible que le sandre. En effet, toute tentative de généralisation d’un fait de nombreuses fois observé, peut se retrouver remise en cause à tout moment.

En bon percidé, ce carnassier vit et chasse en groupes composés d’individus qui ne seront pas tous nécessairement de la même taille. Mais il est tout de même rare que les sandrillons en fassent partie, sans doute par prudence. Tout comme la perche, instinct grégaire et instinct de carnassier coexistent chez le sandre. La tension concurrentielle au sein du groupe se traduit ainsi par une frénésie alimentaire parfois intense. En effet, lorsque les poissons montent sur leurs postes de chasse, chacun va tenter de s’emparer d’une proie avant les autres. Mais contrairement à la perche, toute cette activité va rester secrète, car le sandre n’exerce sa prédation qu’à proximité du fond.

Cependant, ce schéma, aussi juste et attrayant qu’il soit, est très insuffisant pour rendre compte du comportement de prédation de ce carnassier.
Du point de vu du pêcheur, l’activité alimentaire du sandre semble obéir à des cycles complexes, au cours desquels tous les poissons d’un plan d’eau ou d’un secteur de rivière passent par des phases d’intense prédation, entrecoupées de périodes plus ou moins longues d’inactivité presque totale.
Ce comportement, lié au caractère grégaire de l’espèce, n’a lieu que si la densité des sandres est suffisante. Autrement, le petit nombre d’individus des bancs ne fera naître qu’une faible tension concurrentielle, pas de frénésie.

Les sandres possèdent une faculté d’apprentissage et d’adaptation peu commune. Ainsi, dans les plans d’eau, (c’est différent dans les rivières) où la pression de pêche est très forte, les sandres finissent par abandonner leur poste de chasse des zones rivulaires pour rester dans les secteurs du large plus profonds où ils se sentent en sécurité. Autre exemple : dans les zones les plus pêchées par des méthodes facilement identifiables pour le sandre, comme le poisson mort manié ou les leurres souples, le carnassier apprend à se méfier de ces appâts. Il va modifier en conséquence son comportement agressif, ses postes de chasse…

Remise à l'eau d'un sandre
Remise à l’eau d’un beau sandre

Dans certains plans d’eau, le sandre peut aussi faire preuve d’un comportement énigmatique. Car parfois, sans aucune communication, même accidentelle, avec un cours d’eau, il n’est pas rare de constater après une ou plusieurs saisons fastes, des années consécutives de pêches médiocres, toutes techniques confondues. Au point de se demander si le carnassier est encore présent dans le plan d’eau ! Et tout d’un coup, de façon inexplicable, se refont de belles pêches avec de beaux poissons. Pourquoi ceux-ci ne mordaient-ils plus alors qu’ils étaient bien présents ? De quoi se nourrissaient-ils ? Et quand ? Des questions qui encore aujourd’hui restent sans réponses.

Tout cela fait que le sandre demeure un poisson énigmatique, et que son comportement est difficile à appréhender.
Il reste que, tout comme pour le brochet, de nombreux préjugés aussi stupides qu’inexacts courent au bord de l’eau sur le comportement de ce poisson. En voici deux des plus répandus :

  1. Ils ne chassent que la nuit. Sans être vraiment lucifuges, les sandres apprécient les eaux troubles et aiment avoir une bonne couche d’eau au-dessus d’eaux. Mais il est faux de prétendre que le sandre ne chasse que la nuit. De nombreuses expériences en eaux closes privée ont montré qu’il n’en était rien. Cela lui arrive parfois, notamment l’été, en période de pleine lune. Mais, tout compte fait, c’est beaucoup moins souvent le cas que dans la journée. En revanche, son activité est généralement plus intense le matin et le soir.
  2. Ils tuent les poissons par plaisir. Encore une belle ineptie, proférée sans doute par des pêcheurs au vif qui auront vu certains jours leurs poissonnets tués puis relâchés sans qu’il leur soit possible de sortir autre chose que du jeune sandrillon. C’est un cas de figure qui se produit lorsque les sandres sont sur leur frayères qu’ils protègent, n’hésitant pas à attaquer les intrus et à les déposer un peu plus loin. Cela peut aussi arriver lors des périodes de frénésie prédatrice : dans leur excitation, les sandres petits et moyens prennent à peine le temps d’avaler leur proie. Car ils les tuent et les relâchent aussitôt pour tenter d’en attraper une autre. Enfin, tout simplement lorsque le montage de la ligne n’est pas adapté et que les sandres relachent leurs proies car ils ont senti une résistance inhabituelle.

Comment pêcher le sandre ?

Il existe un grand nombre de techniques pour pêcher ce joli carnassier. Cliquez ici et découvrez notre article dédié à la pêche au sandre !

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